Retour

Fonctionnement des groupes

Les expériences de Lewin

Ah, mon bon steack !
Aux États-Unis, pendant la seconde guerre mondiale, Lewin s'est demandé comment faire consommer un peu moins de beefsteack et un peu plus de bas morceaux. Il s'agissait de convaincre les ménagères que les les bas morceaux sont aussi nutritifs que les autres et que l'économie de guerre exigeait de réduire le gaspillage.
Dans une première phase, on les réunit pour une série de conférences. br>Un économiste explique que si on veut éviter l'instauration de cartes de rationnement, il faut que la consommation change.
Un diététicien explique que les bas morceaux sont aussi nutritifs que les autres.
Enfin, un cuisinier indique les meilleures recettes pour cuisiner ces morceaux.
Conclusion ? Efficacité nulle...
On met alors en place une expérience utilisant la dynamique de groupe.
Les trois mêmes intervenants sont alors mis en face des ménagères qui sont invitées à poser des questions. « Mais pourquoi ne doit-on plus manger nos bons beefsteack ? », et l'économiste répond.
« Ce n'est pas bon pour la santé ! », et le diététicien répond.
« Mon mari et mes enfants n'aiment pas cela », et le cuisinier répond.
Et là, l'expérience fonctionne
Pourquoi ? Parce que le groupe est actif. Un public qui écoute est, par définition, passif. Les membres du groupe sont, eux, actifs, et une interaction complexe se construit.

Du jus d'orange à mon bébé ?
L'histoire se passe dans une maternité américaine. Les médecins recommandent aux jeunes accouchées de donner du jus d'orange à la petite cuillère à leurs nourissons à partir de tel âge.
Or la maternité s'aperçoit que ces conseils ne sont pas suivis malgré qu'en principe les mamans aient confiance dans le médecin qui les a accouchées et qu'elles veuillent nourrir leur bébé le mieux possible.
Lewin décide alors de provoquer des réunions. Des groupes de jeunes mères, cinq à six sont réunis, avec comme thème l'alimentation des nourrissons. Les mamans sont invitées à poser toutes les questions qu'elles souhaitent sur l'alimentation de leurs enfants. C'est, bien sûr, l'occasion de leur parler du fameux jus d'orange.
La maternité constatera, vous l'avez deviné, une bien meilleure efficacité.
En effet, « Rentrée dans sa famille la jeune mère se retrouve dans son milieu où on lui dit qu'elle n'a jamais bu de jus d'orange quand elle était petite et que cela n'a pas si mal réussi, que ces innovations sont dangereuses, que le bébé est trop petit, etc. Elle a donc à résister à des pressions. Et il est évident que l'on résiste différemment à des pressions selon que l'on a une conviction individuelle, finalement fragile, ou que l'on a l'impression de faire partie d'un groupe de jeunes mères à la pointe du progrès et connaissant les dernières découvertes de la science moderne. Si les gens ont peur de changer, c'est parce qu'ils ne veulent pas transgresser une norme de groupe ; si l'on crée un nouveau groupe avec des nouvelles normes de groupe, on facilite aux individus le changement. » [d'après Henri Mendras, Éléments de sociologie, Armand Colin].


Retour